Lorely vous offre l’opportunité de visionner un film qui changera votre regard sur la société traditionnelle. Chacune de nos projections privées se consacre à un film d’expédition, à une ethnofiction ou à une œuvre cinématographique revêtant un intérêt anthropologique. Toutes nos séances se déroulent en petits comités de quatre à cinq personnes, auprès d’une tasse de café ou de thé, que nous aurons le plaisir de vous offrir. Ces événements sont l’occasion d’échanges et de débats sur le film visionné, que vous pouvez choisir parmi notre sélection.
Notre sélection
Moana
Ethnofiction de Robert Flaherty
Samoa en Polynésie
Tournage d’avril 1923 à décembre 1924
Moana fait partie des premières productions documentaires du réalisateur américain Robert Flaherty. Considéré parfois comme « le père du film documentaire », cet explorateur débute sa carrière de cinéaste en filmant la nature sauvage du Canada ainsi que les gens et les sociétés traditionnelles qui y vivent. Après le succès de Nanouk l’Esquimau, Robert Flaherty part en 1923 aux Samoa, où il y séjourne plus d’une année entière pour tourner Moana. Le film met en lumière le mode de vie traditionnel polynésien, en cherchant à restituer plusieurs événements socio-culturels marquants de la vie des jeunes Samoans, dont la danse et le tatouage sacrés, qui font office de rites de passage.
Voyage au Congo
Film d’expédition d’André Gide et de Marc Allégret
Afrique équatoriale et Congo
Tournage de juillet 1925 à mai 1926
En parallèle de son journal Voyage au Congo, André Gide ramène un film de son expédition en Afrique-Équatoriale française et au Congo belge. Alors que l’écrivain dénonce dans son carnet de route la colonisation et l’acculturation que celle-ci provoque sur les populations africaines, le film cherche quant à lui à restituer sans fioriture, sans intrigue, ni mise en scène, les modes de vie traditionnels des différentes sociétés rencontrées. Certaines prises de vue impressionnent par leur authenticité historique et témoignent d’un monde presque entièrement disparu aujourd’hui.
Tabou
Ethnofiction de Friedrich Wilhelm Murnau et de Robert Flaherty
Bora Bora et Tahiti en Polynésie
Tournage de décembre 1929 à octobre 1930
Tabou est né de la rencontre de Robert Flaherty avec Friedrich Wilhelm Murnau, l’un des maîtres du cinéma expressionniste allemand. Ayant ouvert la voie à l’ethnofiction, Robert Flaherty envisagea avec Murnau de tourner dans les paysages édéniques de la Polynésie, en restituant à l’image les modes de vie traditionnels, qui tombaient déjà en désuétude. Le symbolisme joue un rôle majeur dans ce film, considéré à raison comme l’ultime chef d’œuvre de Murnau. Les acteurs sont des locaux, à l’instar de Matahi, le jeune pêcheur de perles, et de la belle Reri. Leur amour contrarié est l’occasion pour Murnau d’embrasser un sujet universel mais dans le cadre de l’ancienne religion polynésienne. Hitu, le grand prêtre, proclame en effet Reri « tabou ». Ce qui empêche tout homme de l’approcher… Bien que Murnau ait eu tendance « à occidentaliser les mœurs polynésiennes » selon Flaherty, Tabou n’en demeure pas moins un chef d’œuvre symboliste. Le cinéaste Éric Rohmer qualifiait Tabou de « plus grand film du plus grand auteur de films ».
Insel der Dämonen
Film d’expédition de l’ethnologue Friedrich Dalsheim
Bali
Tourné en 1932
L’ethnologue allemand Friedrich Dalsheim envisage de réaliser un film documentaire dans la même veine que les productions de Robert Flaherty. L’aventurier n’en est pas à son premier film. Quelques années auparavant il se rendait au Togo, afin de conserver des éléments visuels du peuple Éwé et de sa culture, menacée de disparition en raison de son contact avec l’Occident. Tourné à Bali, durant l’année 1932, Insel der Dämonen mêle une intrigue de fiction issue de l’imaginaire des habitants. Comme dans Moana, les différents protagonistes ne sont pas des comédiens, mais des locaux qui reproduisent leur propre ethos. Là réside toute la beauté de « L’Île des Démons » de Friedrich Dalsheim : les danses votives qu’ils filment, tout comme les rituels qui rythment le quotidien des villageois, sont un témoignage vibrant de la société traditionnelle javanaise. Dalsheim rend à l’écran avec un esthétisme rare la religiosité syncrétique des Balinais ; une religiosité consécutive à la rencontre de la philosophie indienne avec le bouddhisme et l’animisme originel des habitants.
La France est un empire
Film de propagande de Jean d’Agraives
France
1939
Alors que l’empire colonial français se trouve menacé par l’essor de l’Allemagne nazie et de l’URSS, ainsi que par le durcissement des mouvements de résistance en Indochine et au Maghreb, ce film de propagande vient rappeler au public français le bien-fondé de la mission civilisatrice de la République dans le reste du monde. Le domaine colonial français est alors le deuxième plus grand d’Europe après celui du Royaume-Uni, et l’armée française est réputée la plus puissante de l’Occident. Ce film présente un intérêt majeur dans la mesure où il témoigne de l’état d’esprit français à l’égard de l’Autre, des peuples placés sous sa domination à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Le traitement de la religiosité des peuples colonisés est également évocateur du propre sentiment religieux des Français, traversés par une grave crise existentielle depuis la déchristianisation au XVIIIe siècle. La France est un empire fut pressenti pour paraître à la première édition du Festival de Cannes en 1939, annulée en raison de l’invasion allemande.
Les Contes de la lune vague après la pluie
Film de Kenji Mizoguchi
Japon
1953
Les Contes de la lune vague après la pluie est considéré comme l’un des meilleurs films de l’histoire du cinéma japonais et même mondial. Mizoguchi transmet avec une sensibilité rare toute la profondeur culturelle japonaise. Bien qu’il ne s’agisse pas directement d’une œuvre ethnographique, la spiritualité et la morale qui se dégagent du film sont assez édifiantes et évocatrices de la société traditionnelle à laquelle le Japon appartient encore.
Histoire du Vietnam – La perle de l’empire (1900-1945)
Documentaire historique de Henri de Turenne
France
1983
Henri de Turenne signe avec son Histoire du Vietnam une fresque historiographique monumentale, sans équivalent dans le patrimoine culturel français. Lorely propose la diffusion de la première partie du documentaire, consacrée à la conquête française du Vietnam, commencée au sud par la prise de Saigon de 1859 à 1867 et poursuivie par la pénétration du Tonkin et la pacification de l’ensemble du pays jusqu’en 1885. Le journaliste rend justice à l’histoire contemporaine en rappelant des faits survenus en Indochine qui sont largement méconnus du grand public, mais qui s’avèrent d’une importance capitale dès lors que l’on souhaite comprendre notre monde actuel et son évolution. Le rôle joué par le Japon ainsi que l’influence de l’animisme shinto durant la Seconde Guerre Mondiale en Asie sont pour la première fois abordés par le réalisateur, qui se verra attribué un Emmy Award aux États-Unis pour son Histoire du Vietnam.